#1erMai : Faut-il encore célébrer le travail ?
Depuis plus d'un siècle, le premier mai est dédié à la célébration du travail et des travailleurs : un jour férié peu à peu instauré partout dans le monde à la fois par la gauche syndicale qui en fait le symbole du combat pour les droits des ouvriers, par l'Église qui célèbre saint Joseph artisan, mais aussi par la droite qui entend disputer à la gauche le monopole de la défense des travailleurs et exalter la concorde sociale plutôt que la lutte des classes. En France, si ce jour est marqué par les traditionnels défilés des organisations syndicales et la vente des brins de muguet, il l'est aussi par les polémiques de plus en plus récurrentes opposant d'un côté les thuriféraires du "droit à la paresse" qui plaident généralement pour l'instauration d'un "revenu universel" ou la réduction du temps de travail, et de l'autre les défenseurs autoproclamés de la "valeur travail" et du "travailler plus pour gagner plus" qui entendent notamment repousser l'âge de départ à la retraite et détricoter le modèle social français pour "améliorer la compétitivité des entreprises".
Ces débats ne sont pas limités aux frontières de notre pays : dans l'ensemble du monde occidental, la question du sens du travail se pose avec d'autant plus d'acuité que le processus d'ubérisation et de tertiarisation de l'économie, conjugué à la généralisation des bullshit jobs, remet en cause son utilité sociale et sa fonction déterminante dans l'accomplissement de soi. Si les nouvelles générations, en particulier celles ayant bénéficié d'un accès aux études supérieures, ne placent plus le travail au centre de leur existence, c'est parce que la nature du travail a changé et que le processus de salarisation et de sur-spécialisation entamé durant la révolution industrielle atteint aujourd'hui son stade terminal. Quelle utilité sociale à remplir des tableurs Excel, éditer des présentations Powerpoint, transférer des e-mails ou enchaîner les réunions de team-building huit heures par jour ? Une question existentielle qui se posera encore davantage à l'avenir, avec la généralisation des IA capables d'automatiser les mêmes tâches plus rapidement et plus efficacement.
D'un autre côté, les travailleurs manuels se trouvent désormais pris en étau, menacés à la fois par la concurrence déloyale des travailleurs immigrés toujours plus nombreux qui exercent une pression à la baisse sur les salaires et sur les acquis sociaux - en particulier dans les secteurs recrutant une main d'oeuvre peu qualifiée - et par l'accroissement continu d'une pression fiscale de plus en plus insupportable destinée notamment à financer de coûteux programmes d'aides sociales pour subvenir aux besoins d'une part croissante d'inactifs relégués aux marges de l'assistanat. Pourquoi continuer à exercer un métier pénible en échange d'un salaire dérisoire rongé par l'inflation et qui permet tout juste de payer les factures, quand d'autres bénéficient d'un niveau de vie à peu près équivalent sans travailler ? Un sombre tableau qui contraste avec la situation d'une hyperclasse déconnectée qui n'a jamais autant prospéré grâce à ses rentes issues de la prédation et de la spéculation financière, qui jouit d'un niveau de vie que la plupart des travailleurs ne peuvent même pas se représenter, et dont les objectifs et les intérêts sont en tout point opposés à ceux du reste de la population.
Ainsi, c'est la notion même de travail qu'il convient de questionner en ce premier mai. Non pour l'abolir et y substituer un revenu universel comme le rêvent les oppositions contrôlées de gauche qui n'ont pas perçu que c'était précisément le projet des élites de Davos, non pour le dévoyer encore davantage en le rendant toujours plus aliénant et vide de sens comme le souhaitent les oppositions contrôlées de droite, mais au contraire pour lui restituer sa fonction d'émancipation sociale et symbolique dans un cadre économique rénové. Détaxation des TPE/PME et des classes moyennes et populaires (compensée par la taxation des transactions électroniques et de la spéculation financière), pilotage éthique du progrès technique (par l'évaluation au cas par cas de la balance bénéfice/risque pour le travail humain), application de la préférence nationale, lutte contre l'invasion migratoire et organisation d'une politique de remigration (notamment pour protéger les travailleurs français sur le marché de l'emploi et rétablir un climat sécuritaire propice à l'investissement), révision générale de la politique d'aides sociales (pour encourager la natalité, notamment par l'instauration d'un revenu maternel), grande politique d'incitation au développement des capacités de résilience économique individuelle et territoriale (à rebours de la tendance actuelle visant à accroître l'interdépendance et donc la fragilité des ménages et des écosystèmes locaux), politique économique et monétaire protectionniste (pour protéger nos entreprises et notre marché intérieur de la concurrence déloyale des pays étrangers) ou encore vaste réforme du système scolaire et revalorisation de la filière professionnelle (pour répondre aux besoins futurs d'une économie détertiarisée et démondialisée) : face aux démagogies et aux impostures de tous bord, les propositions portées par la droite alternative démontrent qu'une autre politique est possible pour réhabiliter véritablement la valeur travail.