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Face aux GAFAM, reconquérir notre souveraineté numérique !

Le 14 décembre dernier, une panne importante a affecté un grand nombre de services proposés par la société Alphabet Inc., maison-mère de Google mais aussi de Gmail, Youtube, Google Docs, Google Drive etc... Cette panne a entraîné par ricochet la défaillance de nombreux services tiers interconnectés avec Google. Elle a ainsi permis de mettre en évidence la profonde fragilité du web occidental actuel, dont le fonctionnement est concentré autour des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), oligopole de grandes entreprises américaines.Quelques jours plus tôt, la Banque Publique d’Investissement et Amazon annonçaient fièrement leur partenariat récemment conclu, prévoyant qu'Amazon formerait « gratuitement » les petits commerçants français. Il semble donc que les élites françaises ignorent l’adage d’internet : « quand c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit ».


Il est courant de lire dans la presse française que la dépendance de la technologie au niveau européen dépend de Bruxelles, et que ce problème, européen, doit trouver une solution européenne avec des réglementations comme la RGPD. Or, l’usage a démontré que la RGPD fut finalement une contrainte mineure pour ces grandes entreprises, qui se sont simplement contentées de modifier leurs conditions d’utilisation et d'ajouter une petite fenêtre à la première visite sur leur site, là où la même réglementation fut une contrainte importante pour un grand nombre de PME françaises qui ne disposent pas des mêmes services juridiques. S’il n’est pas faux que Bruxelles subit un intense lobbying sur ces sujets de la part des grandes entreprises américaines, c’est bel est bien le gouvernement français qui est responsable de l’état de dépendance de l’économie française à l'égard de ces grandes entreprise étrangères. Depuis 20 ans, l’Etat soutient officiellement les « pépites » et autres « licornes » de la « french-tech », Emmanuel Macron ayant même fait, il y a moins d’un mois, une intervention sur le sujet... tout en laissant les GAFAM s’étendre massivement à l’intérieur de l'infrastructure de l’Etat français. C’est d’ailleurs à Las Vegas que le Président, alors simple ministre, avait organisé sa grand-messe de la « French Tech », soulignant par là son allégeance aux GAFAM sur ces sujets.


Ainsi, la plupart des administrations françaises utilisent massivement les produits Microsoft, cette dernière entreprise et Apple ayant par ailleurs conclu des partenariats de longue date avec le monde de l’enseignement, habituant dès le plus jeune âge les jeunes générations à leurs technologies et à l'ergonomie de leurs produits. La récente « révolution tactile » et l’installation massive de tablettes dans les écoles ne laissent pas présager une amélioration sur ce sujet, bien que de nombreuses collectivités locales et PME françaises s’appliquent à contre-balancer cette tendance.


Outre cette pénétration du cœur de l’administration, l’économie française est profondément dépendante de ces multinationales, la plupart des entreprises devant désormais payer une véritable dîme, que ce soit sous la forme de Licences indispensable à leur fonctionnement ou de revenus publicitaires versés aux grande plateformes. Même une fois ces licences payées, les entreprises françaises ne sont pas tranquilles : l’obsolescence prématurée des systèmes, favorisée par des mises à jours automatiques et obligatoires qui mettent progressivement en place des technologies plus adaptées au matériel, les forcent à repayer, encore et encore, ce tribut à l’industrie américaine pour pouvoir fonctionner. Si elles commencent à sortir du lot, il y a de fortes chances que l’espionnage industriel et commercial commandité par les GAFAM permettent à ces derniers de leur voler purement et simplement leur activité et leurs innovations. A titre d’exemple, Amazon, à l’origine simple plate-forme mettant en relation les acheteurs et les vendeurs, s’est mise à fabriquer ses propres produits notamment sous la marque « Amazon Basics », et bien sûr à les mettre en avant, devenant alors le concurrent direct de ses propres clients. Ce simple exemple illustre bien la tendance qu’on les GAFAM, une fois leur position dominante établie, à abuser de celle-ci pour s’approprier des portions de plus en plus importantes du marché global.


D’autres exemples de cette tendance sont déjà visibles sur des plateformes comme Uber ou Booking, qui après avoir capté les parts de marché d’entreprises traditionnelles, précarisent désormais les professionnels qui ont fait leur succès. Amazon Mechanical Turk, plate-forme permettant aux entreprises de faire faire à des humains moins coûteux que des programmes des tâches automatisables, est ainsi l’aboutissement ultime de ce modèle des GAFAM.


Quel est le but de ces sociétés ? Remplacer les Etats. C’est du moins ce que laissent entendre Jared Cohen et Eric Schmidt, membres de la direction de Google. Mais tous les Etats sont-ils logés à la même enseigne ? Depuis l’émergence de la haute technologie, les liens entre le progrès technique et l’Etat ont toujours été très étroits. On peut remonter à la machine enigma, développée par les allemands pour crypter les communications militaires, ou le développement de nombreuses technologies par la NASA dans le cadre de la conquête spatiale. Lorsque Steeve Jobs, fondateur d’Apple en a été évincé par son actionnaire, le patron de Pepsi, il a fondé la société Next. Cette société, en théorie axée sur le monde de l’enseignement, était aussi l'un des principaux fournisseurs (secret) des services américains. Bien évidement, lors du rachat de cette société par Apple, qui voulait par là récupérer son dirigeant historique, il est plus que probable que le gouvernement américain et Apple aient continué à travailler ensemble. Un autre exemple : l’algorithme AES, couramment utilisé pour le chiffrement de données, développé en partenariat avec la NSA et approuvé par cette agence gouvernementale. Comment ne pas penser que cette approbation pourrait cacher l’existence de portes dérobées utilisées par la NSA pour disposer de son propre accès à ces données ? Les liens entre l’état profond américain et les GAFAM a été démontré de nombreuses fois, notamment par les révélations de Snowden. Laisser des données potentiellement stratégiques accessible à ces entreprises est donc un risque pour la sécurité nationale. Et si on se doute que les plans secrets de l’état-major ne sont pas rédigé sur un ordinateur connecté à Internet, fonctionnant sur Windows et tapé sur Microsoft Word (du moins on l’espère), des données plus diffuses peuvent déjà représenter un risque pour la sécurité nationale.


Ainsi, en 2018, l’emplacement de bases américaines secrètes en Afghanistan avait été repérées grâce à une application de suivi de performances sportives : des journalistes avaient remarqué que des militaires américains faisaient du jogging tous les jours autour d’un site isolé de toute habitation et répertorié nulle part. Imaginez alors ce que peuvent faire les renseignements américains, qui ont déjà démontré qu’ils espionnaient même leurs alliés, avec toutes les données personnelles des militaires français. Dans le même ordre d’idées, l’engouement pour les applications d’analyse génétique, à grand renfort de publicité et malgré le fait qu’elles soient interdites sur le territoire, constitue un risque réel dans l’hypothèse d’une guerre bactériologique ou le développement de stratégies d'ingéniérie sociale ou transhumaniste.


Cette menace ne concerne plus seulement l’Etat, mais bel et bien chaque individu : et cette fois, l’exemple nous vient de la Chine. Ces dernières années le gouvernement chinois a expérimenté, à l’échelle d’une population approchant le quart de la population mondiale, des outils technologiques avancés de contrôle des masses, notamment avec un système de notation du "civisme" de chaque individu. En fonction de la note attribuée, des droits particuliers sont octroyés aux « meilleurs éléments » de la "communauté", c’est-à-dire aux plus soumis. Les récents évènements montrent que les GAFAM prennent le même chemin, censurant plus ou moins les internautes en fonction de critères qui leur sont propres (et qui, eux aussi, sont très probablement basé sur un système de notation interne et arbitraire). Il est très probable que dans peu de temps, Facebook vous menacera d'une diminution de votre note, et donc votre crédibilité auprès des amis que vous avez déjà, si vous par exemple ajoutez ou interagissez un contact un peu trop sulfureux. Tout cela au nom des droits de l’homme bien entendu.


On a vu aussi, et nous sommes ici bien placés pour le savoir, que les GAFAM pouvaient sans aucune hésitation contourner délibérément la loi française, que ce soit dans le cadre du financement des campagnes électorales (refusant l’accès à certaines plateformes de paiement pour certaines organisations, par exemple), ou du point de vue de l'obligation de neutralité à l'égard des partis et des formations politiques officielles (voir l’élection américaine en cours). Dans un autre domaine, YouTube enfreint de manière flagrante et quotidienne les lois françaises sur les droits d’auteurs, ignorant par exemple purement et simplement le droit de citation pourtant reconnu en France.


On le voit, la notion de souveraineté nationale est indissociable de celle de la souveraineté numérique. La France est tout à fait capable de mener cette politique, malgré ce que semblent penser les élites (qui sont en fait les sous-produits de la culture numérique américaine). En effet, la technologie américaine s'appuie notamment sur des technologies françaises et européennes, le web ayant par exemple été inventé au CERN, à la frontière franco-suisse. Encore aujourd’hui, des entreprises françaises sont fréquemment rachetées par l’étranger et des ingénieurs français sont largement débauchés. De vraies pépites françaises émergent souvent, on peut citer le cas de Dailymotion et Viadeo dans le passé, ou aujourd’hui d’entreprises comme Deezer ou OVH.


De plus le monde du libre peut tout à fait être utilisé comme support. Cet ensemble de technologies financées par le monde associatif et des entreprises de toutes tailles, y trouvant leur intérêt pour réduire leurs coûts de R&D, permet de trouver des alternatives à la quasi-totalité des usages proposés par les GAFAM. Souvent ce sont des salariés des GAFAM eux-même qui, mourant d’ennui dans ces entreprises froides et bureaucratiques, consacrent leur temps libre à des projets plus pertinents pour eux. De nombreuses Etats dans le monde s’appuient sur le monde du libre, l’exemple le plus frappant étant la Corée du Nord qui a développé son propre système d’exploitation basé sur Linux. Nos énarques essaient donc de nous faire croire que la France échouerait à reproduire une politique que la Corée du Nord parvient à appliquer ?


Une autre stratégie est donc possible pour la France, en s’appuyant sur les technologies libres et en établissant des partenariats ambitieux avec les grandes entreprises françaises du secteur. La Chine a déjà montré l’exemple : en grand retard, comme nous, elle a su en quelques années développer ses propres alternatives aux GAFAM (les fameuses BATX). La Chine a voulu occuper toutes les couches de l’écosystème, développant à la fois des méthodes de stockage de données, du matériel et des applications grand public. Des mesures fortes, comme l’affirmation d’un protectionnisme de la formation (fondée notamment sur le remboursement des frais de scolarité lors de l'expatriation d'un jeune diplômé français), l’élimination progressive des outils développés par les GAFAM dans le secteur public et la formation professionnelle, ou encore l’interdiction du rachat des entreprises stratégiques françaises par des capitaux étrangers, permettront d’accompagner cette politique en fournissant aux PME françaises des opportunités pour développer les technologies qui nous manquent encore. La France ne sera pas seule dans cette démarche, elle trouvera l’appui de nombreux acteurs européens qui seront d’une aide précieuse dans le cadre de partenariats bilatéraux.


G.R., pour natdem.fr

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